La sortie du nucléaire ne doit pas impacter notre sécurité d’approvisionnement!

Ce 15 juillet, Elia et la CREG ont été entendus lors de la première réunion de la nouvelle Commission Climat du Parlement fédéral.

Une audition essentielle à l’heure des défis climatiques mais aussi de la formation du prochain gouvernement fédéral. La question de la sécurité de l’approvisionnement énergétique et de la réussite de notre transition nucléaire devra en effet être une priorité de ce gouvernement.

En 2014, l’accord du gouvernement fédéral sortant prévoyait de “garantir la sécurité d’approvisionnement énergétique, l’abordabilité, et la durabilité de l’énergie à court et à long terme afin d’assurer la sortie du nucléaire de la génération actuelle de réacteurs en 2025”. Or, force est de constater qu’en cinq ans, rien n’a été fait pour opérationnaliser cette sortie programmée du nucléaire et pour assurer ce qui est essentiel: la sécurité de notre approvisionnement énergétique.

Voici donc les questions que j’ai posées en Commission:

  1. Le rapport d’Elia souligne un besoin de capacité supplémentaire de 3,9 GW qui est un scénario extrême. Elia a en effet prévu une marge de sécurité en cas de longues périodes de froid et de vent faible. Cette marge couvre-t-elle les évolutions de notre consommation d’énergie qui pourrait partir à la hausse avec les voitures électriques ou à la baisse avec les progrès que nous ambitionnons de réaliser – en tt cas au niveau régional bruxellois – en matière d’isolation des logements?
  2.  Notre besoin structurel de capacité supplémentaire de 3,9 GW  (au lieu des 3,6) tient compte des incertitudes dans les pays voisins sur lesquelles la Belgique n’a pas d’emprise et de la sortie accélérée du charbon dans ces pays (dont l’Allemagne, la France, les PB…) Ce qu’il faut à mon sens en tirer comme enseignement, c’est que notre dépendance énergétique aux autres pays compromet notre capacité à planifier correctement nos propres besoins énergétiques et donc aussi l’investissement que nous nous devons de réaliser dans les sources d’énergies renouvelables sur le sol belge (en ce compris l’offshore éolien). Cet investissement est indispensable et il devra se faire en collaboration avec les différents niveaux de pouvoir. Mais il faut être pragmatique et avoir prendre conscience du fait que si l’on plaçait des éoliennes partout en Belgique, nous ne parviendrons à combler que 25% de nos besoins en énergie! Et c’est justement en partant de ce constat que certains experts, comme le professeur Damien Ernst de l’ULg, a développé l’idée d’un marché commun du renouvelable, en développant en fait ce qui existe déjà et qui est cité dans le rapport (Nemo Link GB), à savoir des lignes internationales de haute tension d’énergie renouvelable entre la Belgique et d’autres pays européens, et en l’ayant mutualisé au préalable: solaire dans le Sud, énergie éolienne et marémotrice dans le Nord jusqu’au Groenland… C’est un projet qui a un vrai intérêt en matière d’indépendance énergétique, de redynamisation du projet européen, d’intégration des énergies renouvelables, de sécurité d’approvisionnement mais aussi de convergences des prix de l’électricité: non-négligeable qd on sait que notre électricité est actuellement la  3è plus chère d’Europe depuis la libéralisation du marché de l’électricité. Cette piste a-t-elle été évaluée par la CREG et par Elia qui est quand même le premier transporteur d’électricité en Belgique?
  3.  Même en cas de scénario alternatif à la sortie du nucléaire en 2025 (prolongation de Doel 4 et Tihange 4), une capacité de remplacement considérable restera nécessaire mais que, dans le même temps, il faudra investir dans la remise à niveau des réacteurs qui posera un problème de sécurité d’approvisionnement. Quel est l’état des discussions avec les propriétaires des centrales nucléaires sur cette question mais aussi sur la question du traitement des déchets nucléaires?
  4. Pour exploiter le potentiel de l’énergie électrique sur terre et en mer, il faudra développer à temps l’infrastructure nécessaire pour acheminer correctement cette énergie jusqu’aux centres de consommation. Quel est l’état actuel de la situation? Quels seraient les chantiers prioritaires en la matière, mais aussi en matière de stockage de cette énergie?
  5. Le rapport d’Elia souligne évidemment la nécessité de développer les énergies renouvelables. Mais il ne fixe pas d’objectifs à atteindre par filière renouvelable ni de trajectoires indicatifs. Or, il s’agit d’une demande d’Edora, la Fédération des énergies renouvelables, tout comme son pendant néerlandophone: l’ODE, organisatie Duurzame Energie. La CGREG est-elle en mesure de préciser ces objectifs?

A l’issue de la Commission, tant Elia que la CREG ont confirmé que la Belgique ne doit pas être vue isolément en matière énergétique et doit donc poursuivre ses efforts de développement interconnexions avec l’étranger. De bonne augure pour un projet d’avenir défendu par DéFI qu’est la mise en place d’un marché commun des énergies renouvelables.

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