Ce 14 décembre, la France se réveilla avec une fameuse gueule de bois.
La veille, le parti d’extrême-droite français, le FN, confirmait sa montée en puissance lors des élections régionales. Son score obtenu lors du premier tour a toutefois permis de mobiliser les abstentionnistes et démocrates du pays pour faire barrage au FN au deuxième tour, lui empêchant d’obtenir la présidence d’une Région. Mais le mal est fait: le FN obtient 27,10%, quasi ex-aequo avec le Parti du président François Hollande, faisant craindre le pire pour les élections présidentielles de 2017…
La France serait-elle donc en perte de repères ? Nul doute en tout cas que le FN a su tirer profit des crises et autres angoisses populaires, suite aux attentats terroristes de Paris du 13 novembre ou encore la crise de l’asile encore en cours, en particulier l’état alarmant de la jungle de Calais.
Le Front national a ainsi misé sur son discours favori qui consiste à cibler les membres de la communauté musulmane, de nationalité française ou primo-arrivants. Pour légitimer sa croisade contre « l’islamisation » de la société française, Le Pen prétend défendre le principe de la laïcité, occultant que la laïcité préconise au contraire une société du vivre ensemble où chaque religion aurait sa place aux côtés des autres. L’animosité du FN envers le mariage pour tous ou encore plus récemment les centres de planning familial prouve d’ailleurs qu’il conçoit difficilement une société libérée de ses dogmes religieux sur la famille, entre autres. Il faudra donc faire preuve de pédagogie en vue des prochaines élections pour expliquer que le FN ne protège pas les Français des immigrés ou musulmans mais les met au contraire en danger, en mettant en péril leurs droits et libertés si durement acquis, notamment en matière d’égalité hommes/femmes.
De ce « succès », deux points doivent particulièrement éveiller notre vigilance citoyenne. D’une part, au regard de l’histoire européenne du XXème siècle, le FN a décidé d’avancer masqué – ni trop ni trop peu – pour parvenir à ses fins, en devant « fréquentable ». D’autres partis d’extrême-droite européens parviennent ainsi à former des coalitions avec des partis démocratiques. En Belgique, le cordon sanitaire empêche, du moins en théorie, une telle situation. Certains ténors politiques français se posent ainsi la question de la légitimité d’un « front républicain » unissant la gauche et la droite pour faire barrage au FN. Mais ceci n’existe ni aux Pays-Bas ni en Autriche ni en Italie. Ainsi, si l’activisme et la propagande restent chers à l’extrême droite, celle-ci a compris que sa participation aux élections et partant sa présence dans les assemblées – ici aux Conseils régionaux français -sont plus fructueuses en terme d’adhésion populaire. D’autre part, il ne faut pas oublier que le FN siège confortablement au sein même des institutions européennes suite aux élections de mai 2014. Une tribune idéale pour diffuser son discours xénophobe. Un véritable paradoxe lorsqu’on sait que ce sont justement les dégâts causés par l’extrême droite durant la deuxième guerre mondiale qui ont poussé les Etats européens à coopérer à la mise sur pied d’une Europe pacifique et unie.
C’est pourquoi, face à ce poison de la démocratie qu’est l’extrême-droite, les mandataires politiques doivent se remettre en cause, agir dans l’intérêt général, expliquer les tenants et aboutissants de leurs politiques. Les devises de la France « Liberté, Egalité, Fraternit » » et de l’Union européenne “Unie dans la diversité” sont en outre plus que jamais à préserver… !