Les attentats de Paris du 13 novembre 2015 ont relancé le débat relatif à la lutte contre le radicalisme en milieu carcéral.
Cette lutte est en effet plus que jamais indispensable, au regard de la montée des intégrismes et des condamnations pour terrorisme et de la dégradation des conditions de détention dans nos prisons qui poussent les détenus les plus déséspérés et le plus en manque de repères à suivre la voie du radicalisme.
Mais cette lutte ne sera pleinement efficace que si, en amont, il y ait une étude valable sur le phénomène, ce qui n’est malheureusement toujours pas le cas.
Le plan d’action contre la radicalisation dans les prisons présenté par le Ministre de la Justice à la mi-mars contient dix mesures, allant des meilleures conditions de vie dans les établissements pénitentiaires à la création d’ailes spécialisées pour les radicaux dont le processus de radicalisation ne peut plus être maitrisé, en passant par une formation par la Sûreté de l’Etat du personnel pénitentiaire et une implication systématique des représentants des cultes.
Ce 19 novembre, le Premier ministre Charles Michel a été plus loin en annonçant que les Returnees passeront par la case prison, de même que les prédicateurs de haine.
Ces initiatives sont intéressantes: il faut empêcher que les groupements radicaux ne développent leur réseau en prison.
Mais il est regrettale que le plan contre la radicalisation se cantonne aux détenus dont la radicalisation est avérée, soit par des signes évidents de radicalisation soit par une condamnation liée à cette radicalisation et que le gouvernement n’offre aucune piste de suivi individualisé de ces radicaux.
Les initiatives annoncées posent en outre question dans leur mise en oeuvre pratique.
En particulier, la création d’ailes spécialisées regroupant les radicaux (qui a été annoncée pour ce mois de décembre!)
Si cette idée parait satisfaisante à première vue, elle nécessite une comparaison préalable avec les pays appliquant déjà ce système. Or, depuis octobre 2014, la prison de Fresne, au sud de Paris, regroupe dans une aile 22 détenus radicalisés.
Ce test s’avérerait peu concluant voire contreproductif. En effet, les détenus spécifiques ne sont jamais hermétiquement séparés des autres, ils se renforcent les uns les autres en croisant leurs réseaux et voient leur aura grandir au sein de la prison. En outre, ce regroupement réduit également à néant le travail des aumoniers puisque lorsqu’un détenu est déradicalisé, les autres continueront de l’influencer.
Nos efforts doivent donc également et surtout se concentrer sur la prévention en amont de la radicalisation en milieu carcéral, en préservant au maximum les répères socio, économiques, familiaux et religieux des détenus.
Cela passe par une amélioration des conditions de vie dans les établissements pénitentiaires, par une mise en oeuvre du plan de détention et une diversification des offres de formation en prison pour donner un sens à la détention, pour que ces détenus ne soient plus livrés eux-mêmes. Certains sombrent dans la toxicomanie, d’autres dans le radicalisme. Il faut donc que la peine de prison soit exécutée dans des conditions qui sollicitent chez le détenu son sens des responsabilités personnelles et sociales. Le problème est en effet qu’en raison des conditions de vie en prison, les détenus sont beaucoup trop réceptifs au discours radical qu’ils voient comme le seul à même de donner un sens à sa détention.
Cela passe également par une assistance religieuse, morale et philosophique correcte et suffisante (extérieur: 10% pratiquants >< prison: 95%) Le Ministre a annoncé le rcerutement de 9 ETP supplémentaires aux 16 actuels. Mais ce recrutement sera insuffisant et surtout sans effet tant qu’il n’y aura pas une formation correcte de ces conseillers à un islam des Lumières, de Belgique, conforme à nos valeurs démocratique, qu’ils ne seront pas pleinement associés au travail de déradicalisation et qu’il n’y aura pas un accès à des livres validés par l’Exécutif des musulmans
Ces deux points constituent la base sur laquelle viendront se greffer toutes les autres mesures contre la radicalisation.